Mercredi
18 juillet 2012
Départ
à 9h00 de Coppercamp avec le même temps que la veille : ciel
couvert ; mer calme. C'est Annaëlle et Oussama qui assurent le
premier quart, avec déjà en ce début de séjour un petit peu de
mal à se lever pour Annaëlle.
On
traverse des paysages merveilleux, on dirait que les Alpes sortent de
la mer. Mais la grisaille ne nous permet pas encore de voir toute la
splendeur de ce qui nous entoure.
Les
quarts s'enchainent, les jeunes se partagent les tâches, Farid et
Caro sont toujours là .
Extrait
du cahier de bord de Caro :
"Je
pense que Farid et moi avons atteint un niveau de "collaboration"
exceptionnel acquis au fil de ces 3 ans. On bosse du matin au soir et
du soir au matin. On en fait deux fois plus que les jeunes, mais tout
en les laissant faire par eux mêmes. On assure à peu près 2 quarts
de 2h de nav dans le froid, un repas sur 2, un lever sur 2, et le
mieux, on vient voir si son collègue n'a pas besoin d'être
remplacer quand on a 2 minutes de "libre". Pour ce séjour,
j'ai récupéré de l'énergie de je ne sais où, vu la fatigue
accumulée et les dépenses d'énergie qu'on subit chaque jour. Non
seulement il a fallu coacher les jeunes en cuisine (untel fera les
steaks, l'autre mets la table, l'autre cuisine un gâteau, ...) mais
aussi en navigation (va demander au second s'il a besoin d'aide ; tu
pourrais remplir notre cahier de bord – je sais pas faire- attends
je te montre ; demande aux marins ce que ça veut dire pour plus de
précision, ...) et le "must" valoriser chaque jeune dans
ses efforts et des fois les freiner pour leur apprendre à partager
(c'est untel qui a fait le repas aujourd hui, on peux tous le
remercier parce que c'est beaucoup de préparation, et c'est super
bon). Et puis, il a souvent fallu puiser dans les réserves pour
mettre de l'ambiance et pour remotiver les jeunes (alors que j'avais
juste envie comme eux, de dormir, ou de rester silencieuse et de
penser à des trucs perso, ou d'essayer de gérer le mal de mer). Je
me suis vu chanter tout ce qui me passait par la tête un matin à
8h00 alors que les jeunes avaient du mal à se réveiller mais ça a
marché, ils ont suivi (ou se sont moqués) mais en tout cas on a
bien rigolé. J'ai l'impression de me sur-qualifier quand je raconte
ça, parce qu'à chaque colo, on fait pareil, sauf que là, les
conditions étaient tellement extrêmes que si j'avais pas aimé la
navigation, j'en aurais fait le minimum. Le dernier point, c'est que
je donnais de moi, mais pour des jeunes qui me le rendait au
centuple. Chaque discussion en petit comité a été super
intéressant, les moments où je créais des liens entre eux et les
marins ont été un régal, les instants de confidence de ces jeunes
(qui tombent leur masque entre 4 yeux) ont été plus qu'intense. Et
puis, le travail à long terme et les points importants que Farid et
moi, on a échangé (untel m'a confié ça, y'a une tension entre
untel et untel, il faut la régler, etc) qui sont indispensables
parce qu'on ne peut pas être partout, mais qu'un vrai travail en
lien nous aident tout les 2 à avancer dans nos domaines respectifs.
Bref un séjour unique, des jeunes uniques, un vrai travail de
complémentarité, ... je ne sais pas quelle est cette recette qui a
fait bien fonctionné le séjour, mais j'ai vraiment apprécié même
si c'était presque tout le temps éprouvant, je re-signe dès
demain."
Nous
arrivons à London vers 17h00. Nous débarquons pour observer des
cabanes des travailleurs des carrières de marbre. Beaucoup de
matériel reste à l'abandon, à rouiller. Les travailleurs sont
partis car ils ne récoltaient pas assez de marbre pour que cela soit
rentable.
Cette
fois, les jeunes sont motivés (y'a pas que des cailloux cette fois
ci!) et nous partons donc en exploration. Outre les traces humaines
des carriéristes, nous tombons sur une carcasse de renne, surement
dévoré par un ours.
Yazid
est nommé caméraman assistant et est donc super motivé même pour
transporter le matériel.
Et
puis en marchant, nous apercevons deux rennes qui broutent
tranquillement. Nous nous rapprochons petit à petit, les paris sont
lancés : qui se rapprochera sans faire fuir l'animal ?
Enfin
nous finissons la balade sur une plage, où en attendant François et
sa caméra, nous voyons débarqués de la mer 4 kayakistes sortis
d'on ne sait où. François entame une discussion en anglais avec
eux, sous l'œil (ou plutôt l'oreille) attentive d'Oussama. Ce sont
en fait des scientifiques qui viennent dormir dans ces cabanes de
carriéristes réaménagées pour pouvoir étudier la faune et la
flore loin de l'activité humaine. Ce seront les rares personnes que
nous croiserons durant notre croisière, et certain d'entre nous
ressentiront une impression étrange de manque de civilisation et de
perte complète dans la nature sauvage.