Mardi
17 juillet 2012
Ça
y est, on lève l'ancre, direction le Nord. Enfin toutes voiles
dehors est un bien grand mot, puisque le vent venant du Nord (le vent
dans le nez comme disent les marins), nous avançons au moteur
(environ à 7 nœuds).
Les
jeunes retrouvent leurs habitudes de navigation : Ils sont de quart
navigation pendant 2 heures en binôme. Chacun barre pendant une
heure, le deuxième de quart veille et donne un coup de main aux
marins pour tout le reste. Enfin "veille" surtout résiste
au froid sur la dunette en soutien à son camarade. Caro et Farid ont
fait un planning qui permet à chacun de se retrouver en binôme avec
une personne différente du groupe, et à chacun de se reposer 6 ou 8
heures entre chaque quart (quel casse tête, mais cela fonctionne
durant toute la croisière).
Malgré
les conditions extrêmes qui nous ont parfois touché, pas un jeune
n'a abandonné son quart, ni chercher à esquiver ou à se faire
remplacer. A la fin du séjour, JJ a même dû ordonner à un quart
d'aller prendre une boisson chaude à l'intérieur du carré faute de
quoi ils deviendraient des glaçons!
Les
jeunes remplissent notre cahier de bord que nous avons depuis 2010
(traces des heures de navigation de notre groupe) : départ de
Longyearbyen à 7h30 ; position 78°13. 920 N – 015°35.155E ; le
temps est couvert, le vent (de Nord) est à 4 beaufort, la visibilité
est bonne et la mer aussi ; c'est Ken et Seb qui assurent le premier
quart.
Le
temps change vite ici. A 10h00 le soleil perce les nuages et nous
réchauffe le coeur et nos extrémités congelées (nez, pieds,
mains). A midi, le soleil est reparti se cacher et une fine pluie
très froide nous tombe dessus.
Pendant
la traversée, nous croisons le premier phoque. Tout le monde sort du
carré pour apercevoir ce petit morceau de tête quelques secondes,
et les jeunes qui n'ont vu que des oiseaux, des canards et un renne
de (très, très) loin nous font par de leur étonnement. Premier mot
encore emprunté à nos habitudes de Metz : "ouah, la tête
qu'il a! Il est moche à mort!".
Juste
avant l'arrivée, nous croisons 2 morses en pleine balade. Une grosse
tête (bien plus grosse que le phoque) et deux énormes dents qui
dépassent tout juste de l'eau. On arrête le moteur, on les observe,
eux aussi, nous observent, puis bien vite (bien avant d'avoir pu
aller chercher l'appareil photo), ils plongent et on ne les reverra
plus de toute la croisière.
A
16h30, nous arrivons à Coppercamp. On mouillera, comme chaque jour
durant notre croisière puisqu'il n'y a aucun quai sur notre route.
Le
capitaine nous brieff pour le trekk. Tout le monde est crevé mais
écoute bien attentivement (est ce le manque de sommeil, le trop de
soleil, le fait de résister contre le froid, ou la fatigue de
navigation? Surement un peu de tout cela).
A
terre, paysage désolant, un désert froid, des cailloux disent les
jeunes ("des cailloux rouges, gris et verts (on apprend quand
même qu'il y a une présence de fer puisqu'ils s'oxydent en vert au
contact de la pluie), des ronds des cassés nets, ouah... on est
contents d'avoir fait 3350 km!" les jeunes narguent leurs
animateurs). Nous trouvons nos premières empreintes d'animaux, de
rennes et de goélands, mais pas l'ombre d'un animal vivant, à la
grande déception des ados. Et puis on va voir un glacier inactif.
C'est impressionnant, mais il est en pente douce et tout noirci. Pas
de quoi s'émerveiller pour nos jeunes blasés par cette première
sortie.
Et puis il y a les consignes à respecter : on ne s'éloigne
pas, on reste grouper, on ne monte pas sur le glacier, on ne jette
pas de cailloux, on n'arrache pas la moindre petite fleur... Que de
règles qui paraissent futiles pour nos gaillards de 18 ans en quête
d'aventures et de sensations fortes!
Après
2 heures de randonnée, nous retournons sur le bateau pour nous
réchauffer, nous restaurer et se reposer pour la navigation de
demain. Bilan mitigé de la journée : "la nav c'est bien, mais
les rando, c'est moins bien". Farid et Caro en profitent pour
expliquer les règles et pourquoi c'est important de les respecter.
Il faut aussi ré expliquer le cadre et le côté exceptionnel de
l'aventure. Mais bien qu'on sent une écoute chez les jeunes, on les
sent beaucoup plus enclin à profiter de l'ambiance sur le bateau et
à chahuter la nuit (enfin en soirée). Enfin demain est un autre
jour, et après de longues heures de navigation, de marche, (de
vaisselle) et de discussion avec les ados, tous au lit. Mais qui sont
les plus fatigués : les encadrants qui "ont l'habitude" de
gérer leur fatigue ou les jeunes? En tout cas pas de difficulté à
s'endormir pour une fois.