mardi 31 juillet 2012

Toutes voiles dehors, vers le Pôle Nord


Mardi 17 juillet 2012

Ça y est, on lève l'ancre, direction le Nord. Enfin toutes voiles dehors est un bien grand mot, puisque le vent venant du Nord (le vent dans le nez comme disent les marins), nous avançons au moteur (environ à 7 nœuds). 
Les jeunes retrouvent leurs habitudes de navigation : Ils sont de quart navigation pendant 2 heures en binôme. Chacun barre pendant une heure, le deuxième de quart veille et donne un coup de main aux marins pour tout le reste. Enfin "veille" surtout résiste au froid sur la dunette en soutien à son camarade. Caro et Farid ont fait un planning qui permet à chacun de se retrouver en binôme avec une personne différente du groupe, et à chacun de se reposer 6 ou 8 heures entre chaque quart (quel casse tête, mais cela fonctionne durant toute la croisière). 

Malgré les conditions extrêmes qui nous ont parfois touché, pas un jeune n'a abandonné son quart, ni chercher à esquiver ou à se faire remplacer. A la fin du séjour, JJ a même dû ordonner à un quart d'aller prendre une boisson chaude à l'intérieur du carré faute de quoi ils deviendraient des glaçons!

Les jeunes remplissent notre cahier de bord que nous avons depuis 2010 (traces des heures de navigation de notre groupe) : départ de Longyearbyen à 7h30 ; position 78°13. 920 N – 015°35.155E ; le temps est couvert, le vent (de Nord) est à 4 beaufort, la visibilité est bonne et la mer aussi ; c'est Ken et Seb qui assurent le premier quart.

Le temps change vite ici. A 10h00 le soleil perce les nuages et nous réchauffe le coeur et nos extrémités congelées (nez, pieds, mains). A midi, le soleil est reparti se cacher et une fine pluie très froide nous tombe dessus.

Pendant la traversée, nous croisons le premier phoque. Tout le monde sort du carré pour apercevoir ce petit morceau de tête quelques secondes, et les jeunes qui n'ont vu que des oiseaux, des canards et un renne de (très, très) loin nous font par de leur étonnement. Premier mot encore emprunté à nos habitudes de Metz : "ouah, la tête qu'il a! Il est moche à mort!".
Juste avant l'arrivée, nous croisons 2 morses en pleine balade. Une grosse tête (bien plus grosse que le phoque) et deux énormes dents qui dépassent tout juste de l'eau. On arrête le moteur, on les observe, eux aussi, nous observent, puis bien vite (bien avant d'avoir pu aller chercher l'appareil photo), ils plongent et on ne les reverra plus de toute la croisière.

A 16h30, nous arrivons à Coppercamp. On mouillera, comme chaque jour durant notre croisière puisqu'il n'y a aucun quai sur notre route.
Le capitaine nous brieff pour le trekk. Tout le monde est crevé mais écoute bien attentivement (est ce le manque de sommeil, le trop de soleil, le fait de résister contre le froid, ou la fatigue de navigation? Surement un peu de tout cela).

A terre, paysage désolant, un désert froid, des cailloux disent les jeunes ("des cailloux rouges, gris et verts (on apprend quand même qu'il y a une présence de fer puisqu'ils s'oxydent en vert au contact de la pluie), des ronds des cassés nets, ouah... on est contents d'avoir fait 3350 km!" les jeunes narguent leurs animateurs). Nous trouvons nos premières empreintes d'animaux, de rennes et de goélands, mais pas l'ombre d'un animal vivant, à la grande déception des ados. Et puis on va voir un glacier inactif. C'est impressionnant, mais il est en pente douce et tout noirci. Pas de quoi s'émerveiller pour nos jeunes blasés par cette première sortie. 
Et puis il y a les consignes à respecter : on ne s'éloigne pas, on reste grouper, on ne monte pas sur le glacier, on ne jette pas de cailloux, on n'arrache pas la moindre petite fleur... Que de règles qui paraissent futiles pour nos gaillards de 18 ans en quête d'aventures et de sensations fortes!

Après 2 heures de randonnée, nous retournons sur le bateau pour nous réchauffer, nous restaurer et se reposer pour la navigation de demain. Bilan mitigé de la journée : "la nav c'est bien, mais les rando, c'est moins bien". Farid et Caro en profitent pour expliquer les règles et pourquoi c'est important de les respecter. Il faut aussi ré expliquer le cadre et le côté exceptionnel de l'aventure. Mais bien qu'on sent une écoute chez les jeunes, on les sent beaucoup plus enclin à profiter de l'ambiance sur le bateau et à chahuter la nuit (enfin en soirée). Enfin demain est un autre jour, et après de longues heures de navigation, de marche, (de vaisselle) et de discussion avec les ados, tous au lit. Mais qui sont les plus fatigués : les encadrants qui "ont l'habitude" de gérer leur fatigue ou les jeunes? En tout cas pas de difficulté à s'endormir pour une fois.